Lettre adressée à la famille BASSET DE LA PAPE - 1845
8Z1 - Don
L'expéditrice de cette lettre est Séraphine PERRESVE (1799-1856) et la destinataire Elisabeth Caroline dite "Edoxie" BASSET DE LA PAPE (née en 1826, mariée à Alexandre Julien Anne Marie Joseph Gaëtan BRACORENS de SAVOIROUX en 1846 et sûrement décédée après 1854).
Séraphine PERRESVE envoie cette lettre à l'occasion du décès de sa soeur Jeanne Marie Cécilia PERRESVE le 25 novembre 1845 à Villeurbanne. Cette lettre est écrite depuis le pensionnat de L"hormat ouvert de 1795 à 1856 et situé entre la mairie et les Maisons-Neuves. Le pensionnat était le résultat d'un vœu fait, à la Révolution, par l'épouse d'un soyeux lyonnais, propriétaire de ce grand domaine du nom de Harent, de consacrer sa maison à l'éducation de jeunes filles, si son mari, arrêté par les révolutionnaires, lui était rendu. Jenny Harent a tenu parole quand il fut libéré.
Transcription de cette lettre adressée à Eudoxie BASSET DE LA PAPE du 16 décembre 1845 :
Mademoiselle Eudoxie de la pape, chez Monsieur son père rue de l’arsenal 7, Lyon
L’hormat, 16 décembre 1845
J’aurais voulu, chère Eudoxie, vous remercier
plutôt de votre affectueux souvenir dans cette si
triste circonstance ; vous avez compris l’étendue de
la perte que je viens de faire, le bon Dieu me
demande un sacrifice immense, il est de tous
les jours, de tous les instants, et cela jusqu’à
la fin c’est bien cruel et bien amer ; Souvent et
très souvent je dis à Dieu que votre volonté
se fasse mais la nature se révolte, il est si
affreux pour moi de vivre sans ma bonne sœur
que je ne comprends pas comment je suis encore
là, heureusement nous avons la foi, oh !
qu’elle nous est précieuse surtout dans le malheur
elle me permet d’espérer que ma sœur n’a fait
qu’échanger une vie bien mêlé de peines et
de souffrances, contre une éternité de bonheur.
Sa mort a été si sainte qu’elle est venue
pour ainsi dire, compléter une existence toute
consacrée au bien. Dieu qui l’a aidée et
soutenue d’une manière si visible avait
hâte, je l’espère, de récompenser ses vertus
et de la faire jouir d’un bonheur que malgré
toute notre tendresse, nous ne pouvions lui donner.
Mais pour moi, chère Eudoxie, quel vide
quel isolement. Mes tantes pourtant, sont si bonnes pour moi, elles m’entourent de
tant de soins de tant de tendresse que je
serais bien ingrate de dire que j’ai tout perdu
non il me reste encore de bonne mères qui
s’efforcent d’adoucir mon chagrin, des amies
bien sincères qui ont vivement senti ma
douleur et dont les témoignages de sympathie
me sont une consolation et une preuve non
équivoque des regrets que ma pauvre sœur
a laissés.
Il faut que je vous quitte, bonne
Eudoxie, mais non sans vous prier d’offrir à votre
excellent père un affectueux souvenir de la part
de mes tantes, je me joins à elles, et je vous
renouvelle ici l’assurance de ma sincère amitié.
Votre amie Séraphine