Abattoirs, boucheries, charcuteries et « tueries » à Rillieux-la-Pape et ses environs
Introduction : bref historique en France...
L’apparition des abattoirs municipaux dans les villes françaises date du XIXe siècle.
Auparavant, l’abattage des animaux était réglementé par les corporations et se faisait par égorgement, soit sur les marchés à bestiaux, soit dans les fermes des éleveurs ou encore dans les arrière-cours des bouchers quand ce n’était pas dans la rue.
La législation sur les abattoirs ne va véritablement s’élaborer qu’à la fin du XIXe siècle. On distingue alors :
- les « abattoirs », dépendants des municipalités
- les « tueries particulières », tenues et organisées par les bouchers.
- Loi du 5 avril 1884 sur l'organisation et les attributions des conseils municipaux
- Loi du 22 mars 1890 sur les syndicats de communes
- Loi du 8 janvier 1905 sur les abattoirs
- Loi du 11 janvier 1941 relative à l’extension du périmètre d’action des abattoirs municipaux
- Loi n°60-808 du 5 août 1960 dite d’ « orientation agricole »
- Décret n°61-611 du 14 juin 1961 déterminant les modes d’assiette et de perception et les tarifs maxima des redevances d’abattage
- Décret n°64-334 du 16 avril 1964 relatif à la protection de certains animaux domestiques et aux conditions d’abattage
- Arrêté du 16 avril 1964 relatif aux procédés pour l’étourdissement des animaux au moment de l’abattage et à l’agrément des types d’appareils utilisés à cette fin
- Loi n°65-543 du 8 juillet 1965 relative à la modernisation du marché de la viande
- Arrêté du 12 décembre 1997 relatif aux procédés d'immobilisation, d'étourdissement et de mise à mort des animaux et aux conditions de protection animale dans les abattoirs
- Règlement (CE) n° 1/2005 du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes et modifiant les directives 64/432/CEE et 93/119/CEE et le règlement (CE) n° 1255/97
- Règlement (CE) n° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort
- Résolution n° 493 du 1er novembre 2020 relative à la protection du bien-être animal au sein de l'Union européenne
- 0 L'inspection sanitaire des abattoirs devient obligatoire. Les vétérinaires en sont les hommes forts et les garants statutaires au moment où l’hygiénisme gagne les consciences.
- 0 Autorisation des abattoirs intercommunaux.
- 0 Les communes possédant des abattoirs publics peuvent recevoir une "taxe d'abattage".
- 0 La taxe d'abattage devient la redevance d'abattage.
- 0 L'étourdissement des animaux avant l'abattage est rendu obligatoire.
- 0 "Les abattoirs publics doivent être exploités par un exploitant unique".
- 0 Arrêté relatif aux procédés d’immobilisation, d’étourdissement et de mise à mort des animaux et aux conditions de protection animale dans les abattoirs
- 0 Mesures relatives à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes
- 0 Règles applicables à la protection des animaux au moment de leur mise à mort
...et en région lyonnaise
Si Lyon dispose de ses propres abattoirs – les abattoirs de la Mouche, installés à Lyon dans le quartier de Gerland depuis 1928 – il n’en va pas de même pour Rillieux et ses communes limitrophes, qui se voient autorisées à maintenir des « tueries particulières » sur le territoire de leur commune par décision préfectorale. Ces « tueries » sont des lieux où les bouchers et charcutiers pratiquent l’abattage.
Tueries et abattoirs à Rillieux-la-Pape, 1947-1965
Après la Seconde Guerre mondiale, le territoire actuel de Rillieux-la-Pape est un territoire encore fortement marqué par les activités agricoles. Sont présents sur le territoire de la commune de nombreux terrains dédiés à l’exploitation du chou. La terre, très bonne mais un peu collante, convient très bien à l’exploitation des légumes, moins à l’exploitation de bétail. Peu d’activités d’élevage sont présentes sur la commune. Néanmoins, on constate la présence de plusieurs bouchers et charcutiers sur le territoire des communes de Crépieux, Rillieux, Sathonay et Miribel.
En décembre 1951, existaient sur le territoire de la commune de Rillieux plusieurs professionnels de l’abattage : un boucher, un charcutier et un coquetier.
- Mr. COMTE, boucher, dont l’abattoir était sis au 98, route de Strasbourg ;
- Mr. COMTE, charcutier, dont l’abattoir était sis au 104, route de Strasbourg ;
- Mr. GALLAND, coquetier, dont l’abattoir était situé au 4, rue de la République.
Existait également la charcuterie « Les Salaisons bressanes », située au 56 route de Genève, à Crépieux-la-Pape.
En juillet 1956, le Conseil municipal de Rillieux émet un avis favorable concernant le rattachement des tueries particulières de la commune à l'abattoir public de Sathonay Camp. Ce projet avait été demandé par le Directeur des services vétérinaires du département de l'Ain. Cette décision est confirmée, toujours par délibération municipale, en 1962.
Signalons, en 1952, l’existence d’une porcherie tenue par Mr. CARRE, éleveur de porcs.
Ce dernier a obtenu l’autorisation d’installer et d’exploiter une porcherie sur la commune de Rillieux, en utilisant une partie du chenil de 1re classe qu’il avait fait aménager en 1937.
En 1964-1965, à Rillieux et dans les alentours, on note 3 activités de boucher et une de charcutier : une boucherie à Miribel (Ain), ainsi que deux boucheries route de Strasbourg et une charcuterie rue Général Brosset.
Focus sur le magasin des Salaisons Bressanes
Les Salaisons Bressanes était l’un des plus gros pourvoyeurs de viandes salées de la région. Il était situé au 56, route de Genève, sur la commune de Crépieux-la-Pape.
Par arrêté du Préfet de l’Ain en date du 4 mars 1950, cette société a été autorisée à exploiter un abattoir industriel et un atelier de salaisons avec magasin de vente. Il était tenu par les MM. ANSOUX et GAY. Une affaire a éclaté à ce propos lors de la création du magasin pour savoir s’il s’agissait d’un abattoir industriel de 1re classe ou bien une tuerie particulière de 2e classe.
Les Salaisons Bressanes ont cessé leur activité en décembre 1984.
Vétérinaires et contrôle des viandes à Rillieux-la-Pape
En décembre 1947, le conseil municipal de Sathonay-Camp envisageait la remise en état de l’abattoir de la ville afin d’offrir une solution d’abattage pour les communes limitrophes ; ce projet n’a pas abouti car les boucher et charcutier Comte de Rillieux ont été autorisés à rouvrir leurs tueries particulières par la Préfecture de l’Ain, rendant le projet caduc.
En conséquence de quoi, les communes de Rillieux et Crépieux se sont trouvées dans l’obligation de nommer un vétérinaire afin d’assurer le contrôle de l’abattage et le contrôle sanitaire des viandes. En effet, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, seuls les vétérinaires pouvaient assurer ces charges.
Ainsi, par arrêté municipal du Maire de Crépieux du 4 novembre 1949, Mr. Charles FERNEY, docteur vétérinaire à Fontaines-sur-Saône, est nommé « vétérinaire inspecteur des animaux conduits dans les abattoirs et des viandes destinées à la consommation publique ». Par le même arrêté, le garde-champêtre est nommé « Préposé » du vétérinaire.