Chemins de fer
Le train à La Pape et à Rillieux
Les débuts du chemin de fer à Rillieux
La traversée de la commune
La première concession de chemin de fer de France, est concédée le 26 février 1823 pour le transport de houille sur la ligne Saint-Etienne/Andrézieux par Louis XVIII. Le 7 juin 1826, la première ligne de voyageurs payants, Saint-Etienne/Lyon, est concédée aux frères Seguin.
C’est au milieu du dix-neuvième siècle que le territoire de Rilleux est pour la première fois impacté par le chemin de fer. Il ne s’agit pas alors de desservir la commune, mais simplement de la traverser.
En 1854 sont prononcés les jugements d’expropriation pour cause d’utilité publique de propriétaires rilliards, en faveur de la Compagnie du Chemin de fer de Lyon à Genève, qui veut établir une ligne de Lyon à Genève avec embranchement à Bourg et Mâcon.
En outre, trois chemins ont été modifiés pour permettre le passage de la voie de chemin de fer, par la création de passage sous rails : le chemin de Crépieux, le chemin du port de la Pape, le chemin du Barie.
La ligne Lyon-Genève traverse Rillieux : le chantier de construction amène le choléra
La population du village est atteinte par une épidémie de choléra, apparue parmi les ouvriers travaillant sur le chantier du chemin de fer. Cette épidémie est due aux mauvaises conditions de vie des ouvriers du chemin de fer, et Rillieux n’a pas été la seule commune touchée lors des travaux de construction des voies ferrées en France.
L’épidémie est attribuée par les médecins à une nourriture malsaine et aux mauvaises conditions d’hygiène subies par les ouvriers terrassiers du chantier :
«Chez les ouvriers le mal s’est toujours déclaré à la suite d’excès toujours pernicieux – ceux qui ont été atteints, avoient mangé beaucoup de fruits verts, de raisins, de mauvais fruits ramassés dans les buissons, et arrosé cela de beaucoup d’eau. Aucun cas ne s’est présenté autrement. Il faut ajouter à ces excès la mauvaise nourriture qu’ils prennent, et la demeure insalubre qu’ils habitent. Du moins j’ai vu cela dans une maison particulièrement, celle appartenant à M. Gudit, et c’est de là qu’il est sorti le plus de malades. Là, c’est une habitation et une nourriture dégoûtantes. Les ouvriers aimoient mieux coucher sur la route en plein air que dans leurs lits.»
La solution préconisée est de fermer les chantiers et de renvoyer les ouvriers :
«Sachant que les ateliers où le choléra s’était manifesté n’avaient pas été licenciés malgré la promesse qui m’en avait été faite, j’ai reçu, hier, monsieur l’Ingénieur en chef et il a été formellement convenu que les ateliers cesseraient de se réunir à partir d’aujourd’hui, lundi. La mesure ne peut porter toutefois que sur les ateliers atteints par l’épidémie. Sur les autres, elle serait inutile et pourrait avoir même des conséquences fâcheuses en jetant sur les pavés un grand nombre d’ouvriers, la plupart étrangers et qui n’ont d’autres ressources que leur travail.»
Le choléra se répand ensuite dans le village, des Rilliards meurent, certains restent orphelins.
"Monsieur le Maire,
J’ai l’honneur de vous adresser ci-après un bulletin favorable. Pas de nouveaux décès.
Depuis hier matin nous comptons comme malades les nommés Veuve Dérognat dont ce soir l’amendement est très sensible comparativement à son état agonisant depuis 30 heures. Mère Brochet – hors de danger
Femme Antoine Farge convalescence commençant. Nouveau cas : sa fille la plus jeune dont les progrès marchaient hier rapidement sont aujourd’hui enrayés de manière à pouvoir faire espérer le rétablissement prochain. Le nommé Scholl va bien mieux
Nouveau cas : femme Drevet veuve Bonny atteinte hier dans la journée assez fortement puisque les syncopes et vomissements étaient prolongés de manière à inspirer des craintes trop sérieuses, se trouve ce soir dans un état beaucoup plus satisfaisant. La femme Vaganay était alitée mais plutôt par effet moral et envies de vomir, nausées, par influence sympathique ou imitation, elle va mieux
Le nommé Joseph Derognat frère du défunt a commencé à se plaindre aujourd’hui, sans cependant présenter autre chose de plus grave que le commencement du cortège des symptômes caractéristiques.
Rien autre de nouveau si ce n’est que les gendarmes et un sergent de ville sont venus aux renseignements et pour aller informer sur un incendie de grange au marais des Echets.
Daignez, monsieur le Maire, agréer l’assurance de mon entier dévouement pour le bien de vos administrés et mes souhaits pour la bonne santé de votre famille. On vient à l’instant me chercher pour une femme Drevet Huguet en face du sieur Egot"
Les Soeurs du Bon Secours sont envoyées pour soigner les malades. Un charlatan provoque l’émotion dans le village en prétendant que les malades sont en fait empoisonnés par la médecine.
L'épidémie est finalement enrayée. Dans les années qui suivent, l’impact du chemin de fer est heureusement plus positif pour la commune.
Le train dessert Rillieux
La première halte sur la commune
Le 1er janvier 1890, des habitants de Rillieux adressent une pétition au député Henri Germain, pour réclamer une halte desservant la commune sur cette voie nouvellement construite. La Compagnie Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée répond favorablement à cette demande.
Une souscription de 45 habitants pour l’édification d’une gare et maison du garde rapporte 2715 francs, la commune donne le terrain et verse 7566 francs, la PLM finance 3500 francs, et la gare est édifiée. Le 10 octobre 1893, la halte est mise en service.
Parallèlement, la PLM ouvre une liaison Lyon-Croix-Rousse/Sathonay le 30 juillet 1863. La Compagnie des Dombes ouvre quant à elle deux lignes : Sathonay-Bourg, en 1866, et Sathonay-Trévoux en 1882. Cette ligne, surnommée « La Galoche », effectue le trajet en une heure quinze minutes, et et est fermée en 1938. Ces deux lignes sont rattachées à la PLM en 1883. Dix ans plus tard, le gare de « Sathonay » devient « Sathonay Rillieux ».
Le voyage en train : une véritable expérience pour les jeunes rilliards
Au début du XXè siècle un voyage en train jusqu’à Bourg représente pour des enfants une journée remarquable.
Louise, jeune habitante de la commune d’une douzaine d’années, raconte la journée passée en famille à Bourg : elle a été très marquée par son voyage en train. Son jeune frère Marcel a lui été impressionné par le train qui siffle, alors que son aîné Adrien se remémore toute les gares traversées, et rappelle que ce trajet de 52 kilomètres s’est effectué en trois quart d’heure.