Routes et chemins
Genèse et entretien
Routes et chemins
Genèse et entretien
Genèse
Les premières traces de voies de circulation attestent de l’existence de routes sur le territoire de Rillieux depuis le Moyen-Âge.
Certaines sources évoquent l’existence sur le territoire de la commune d’une voie antique, antérieure à l’époque gallo-romaine, dont témoigne le nom même de Rillieux. Celui-ci viendrait en effet de rilla : trace, sillon.
Des fouilles préventives menées à Vancia par le Service Régional d’Archéologie en 2001 ont mis à jour, parmi d’autres traces de vies humaines depuis la préhistoire, un aménagement de galets.
Large de 2 mètres au moins, il pourrait être la trace d’une voie. Il se situe près de l’église actuelle de Vancia. D’autres éléments attestent de la présence d’un noyau d’occupation autour de l’église.
Nous ne connaissons pas la direction de cette voie, ni sa datation précise. Quels villages reliait-elle ? Nous savons en revanche qu’à l’époque médiévale, Rillieux dépendait de l’abbaye de l’île Barbe.
Les premières routes
Les archives de la ville possèdent peu de mention de routes et chemins avant la Révolution française. Rédigé en 1789 pour être remis au roi, le « cahier des doléances, plaintes et remontrances » des habitants de la « paroisse et communauté » de Rillieux témoigne des revendications concernant la libre circulation, la construction et l’entretien des routes et chemins :
«18° que la circulation soit libre de province à province, et toutes les barrières portées sur les frontières. [...]
20° que les fonds nécessaires à l’entretien des grandes routes et ouvrages d’art qu’elles exigent fassent partie de l’imposition, qu’aucune nouvelle route ne puisse être ouverte que les paroisses sur le territoire desquels elles passeront n’ayent été consultées sur leur utilité, que les chemins vicinaux de paroisse à paroisse, des paroisses aux grandes routes continuent à être entretenus par les communautés sans exception quelconque, que les ouvrages d’art que ces routes exigeront soient néanmoins à la charge de la province toutes les communautés devant venir mutuellement au secours les unes des autres.»
Le souci est donc de partager le coût de construction et d’entretien des routes, par le biais de l’impôt, et de bénéficier du pouvoir de décider quelles routes passeront sur son territoire et pèseront sur ses finances.
Au milieu du dix-neuvième siècle, les revendications des Rilliards n’ont guère changé. Les citoyens de la commune de Rillieux souhaitent éviter la construction de nouvelles routes jugées inutiles et le partage des frais de construction des routes indispensables.
Le conseil municipal tente, sans grand succès, de faire respecter ces routes et chemins, pour limiter les frais d’entretien.
Cela semble être vain, les recommandations du conseil municipal s’égrainant au fil des mois et des années. Les Rilliards s’obstinent à laisser sur les voies de circulation pailles et déchets, ainsi qu’en atteste cet extrait d’une délibérations du 1er mai 1791 :
Le premier mai mil sept cent nonante un, le corps municipal de Rillieu assemblé.
Le procureur de la commune a dit, que les récoltes et les propriétés ne sont point respectées et que les dégâts se multiplient chaque jour dans les champs, (…) que les bêtes sont envoyées aux champs sans être suffisamment surveillées, que la paille qu’on met pourrir dans les chemins les rend impraticables, que le 9 mai dernier il avoit été fait pour prévenir tous les abus une ordonnance qui renouvelloit les anciens règlements à cet égard ; mais qu’au mépris de cette ordonnance on continuoit à contrevenir auxdits règlements ; que le devoir de sa place l’obligeant de veiller à l’intérêt de ses concitoyens, il requeroit que l’ordonnance du corps municipal du 9 mai dernier fut renouvelée, et qu’il fut porté des peines contre ceux qui y contreviendroient.
Le corps municipal faisant droit sur les réquisitions de son procureur renouvelle en tant que de besoin son ordonnance du 9 mai dernier et arrête (…)
3° que lesdites amendes sont sans préjudice des dommages et intérêts envers les propriétaires et que les pères et mères maîtres et maîtresses demeurent responsables pour leurs enfants
et domestiques. (…)
5° qu’il est défendu à toute personne de mettre pourrir de la paille dans les chemins publics, de les embarrasser d’aucune manière à peine de douze livres d’amende contre chacun des
contrevenants.
Enfin que le procureur de la commune tiendra la main à l’exécution de notre présente ordonnance qui sera publiée et affichée afin que personne n’en ignore.
fait à Rillieu en corps municipal les jour et an que dessus et avons signé.
Chacun participe, par son travail, à l’entretien des chemins
C’est en effet grâce à des journées de travail dues par chacun des propriétaires que les chemins sont entretenus. Dans la délibération du 26 décembre 1790, il est d’ailleurs fait usage du terme « corvée ».
Selon une délibération du 6 mars 1791, il revient aux propriétaires de parcelles aboutissant sur le chemin de l’église à Vancia de travailler à sa restauration sous la surveillance d’officiers municipaux. Quant aux habitants de Caluire et des Mercières, ils sont tenus d’élaguer les haies et d’abattre les balmes (talus) dans les quinze jours.
«Le vingt six décembre mil sept cent quatre vingt dix nous Jacques Molard maire, Jean Farge, Antoine Coqui, Claude Salignat, Jean Drevet, Martin et Jaques Molard officiers municipaux assemblés au lieu ordinaire de nos séances, après avoir ouï Jean Salignat procureur de la commune, nous ordonnons tant pour nous conformer à la délibération du conseil général de la commune du 27 novembre dernier qui autorise les membres du bureau de la municipalité à reconnoitre l’état des réparations à faire dans les chemins de communication et à fixer la tâche que chacun des habitants de la commune aura à préparer, que d’après l’avis du directoire du District de Montluel en datte du 24 du présent mois qui nous autorise à contraindre par toutes les voies de droit, ceux qui se refuseroient de concourir auxdites réparations, nous ordonnons dis je que chaque particulier possédant fond aboutissant sur le chemin depuis l’église de Rillieu à Vantia aie pour corvée ou tâche à réparer dans la portion dudit chemin, la portion dudit chemin qui répondra à son fond y aboutissant.
Mais considérant que quelques particuliers pourroient être surchargés s’ils étoient tenus de réparer à eux seuls cette portion de chemin qui peut être plus ou moins dégradé, nous arrêttons qu’il sera fait un tableau publié et affiché de ceux qui seront tenus de concourir auxdites réparations avec ceux des possédants fonds aboutissants qui leur seront désignés ; enjoignant aux uns et aux autres de se rendre au lieu qui leur sera indiqué mardi prochain 28 du courant pour travailler sous les ordres et inspections de Claude Salignat et Jaques Molard officiers municipaux et du procureur de la commune lesquels demeurent autorisés à donner procès verbal des présentes (...).»
On essaie d’éviter de payer les coûts de construction (RN 83)...
La construction de la future route royale 83 de Lyon à Strasbourg, a pesé sur les budgets des communes qu’elle traversait.
Mais celles-ci n’étaient pas très enclines à payer, comme en témoigne le retard pris dans le vote des sommes à débloquer… Y compris lorsque le chemin est pourtant jugé prioritaire pour le commerce et l’industrie, et réclamé depuis des années.
Dès 1790, le conseil municipal de Rillieux jugeait indispensable la construction de cette même route pour la portion qui joint Bourg à Villars :
«il y a longtemps qu’on parle d’un chemin de communication de l’intérieur de la Bresse à Lyon par Villars; il n’est pas d’endroit où cette jonction paroisse plus naturelle et plus avantageuse qu’à La Pape par Rillieux, puisque dans ce plan on auroit à très peu de frais trois lieues de chemins parfaits depuis la pape jusqu’au marais d’Echets cette communication favoriseroit infiniment l’agriculture et la population dans cette partie de la Bresse où l’on pénètre aujourd’hui avec une difficulté presque insurmontable, difficulté qui arrête l’industrie de ceux qui voudroient y aller chercher des denrées.
Fait et clos en corps municipal ce deuxième aout mil sept cent quatre vingt dix et avons signés.»
... et l’on se réjouit de les faire supporter par d’autres
Voici l’origine du nom de la route de Castellane : c’est le Maréchal de Castellane qui l’a fait construire par les soldats de sa troupe. A titre de reconnaissance, le Conseil municipal a fait élever un monument de pierre.
«Séance du 10 juillet 1853 : Ouverture d’une route de Rillieux à Fontaines
Attendu que monsieur le Maréchal de Castellane, commandant le camp de Sathonay, reconnaissant du bon accueil que les troupes du camp ont reçu dans la commune et, en outre, pour indemniser les habitants des ennuis et des dommages que peut leur occasionner le voisinage du camp, a offert à Monsieur le maire de faire tracer, construire et exécuter par ses troupes une deuxième route indépendamment de celle de la Pape en cours d’exécution, et que monsieur le Maire l’a prié de faire exécuter celle de Rillieux à Fontaines, ce à quoi monsieur le Maréchal a aussitôt consenti et a donné des ordres en conséquence, à la seule charge par la commune de lui fournir les terrains occupés par ladite route et pour cela de désintéresser tous les propriétaires qui ne voudraient pas consentir à abandonner gratis les terrains occupés par le dit chemin ;
Attendu que le chemin projeté est très avantageux pour la commune ; qu’il est réclamé par ses habitants depuis longtemps ; que le tracé indiqué et mis sous les yeux du conseil donne une pente régulière de 5 centième par mètre et qu’il est établi dans les meilleurs conditions possibles.
Que dès lors elle constituera une excellente route charretière pour mettre en communication notre commune avec celle de Fontaine et de Sathonay ; (...)
En conséquence le Conseil au nom de la commune accepte avec reconnaissance l’offre faite par monsieur le Maréchal et prend à la charge de cette dernière l’obligation de fournir gratuitement les terrains, soit de désintéresser tous les propriétaires qui en réclament le prix. (...)
Séance tenante : Erection d’une pierre monumentale à monsieur le maréchal comte de Castellane
Attendu que la commune a de grandes obligations à monsieur le Maréchal comte de Castellane qui fait exécuter avec une grande célérité et gratuitement pour elle deux chemins très importants pour faciliter ses communications soit avec le Rhône, soit avec la Saône,
Que l’exécution des dits chemins par les troupes exonère la commune d’une somme considérable qu’elle aurait dû consacrer à ce travail.
Sur la proposition de monsieur le Maire, le Conseil décide qu’en signe de reconnaissance, une pierre monumentale en forme de pyramide, reposant sur un socle sera élevée à l’embranchement de la nouvelle route de la Pape avec la route impériale n°84 de Lyon à Genève.
Sur cette pierre seront gravées les inscriptions suivantes :
Sur la face occidentale :
« Au Maréchal comte de Castellane les habitants de Rillieux reconnaissants »
Sur la face orientale :
« Cette route a été créée par les ordres de monsieur le Maréchal, sous la direction des officiers de génie, par les troupes du camp de Sathonay ; Du 15 juin au 15 juillet 1853 »
Monsieur le Maréchal est prié au nom de la commune de vouloir bien assister à l’inauguration de ce modeste monument.
Un crédit de deux cents francs au plus est ouvert à Monsieur le Maire sur les fonds disponibles de la commune pour faire face à cette dépense et à celle de l’inauguration.»
La vie quotidienne au long des routes et chemins
Les routes et chemins servent à la circulation des biens et des personnes. Les anecdotes liées à leur usage quotidien qui sont conservées dans les archives permettent d’appréhender certains aspects de la vie des Rilliards, de retrouver la communauté villageoise par le biais des rythmes basiques : ceux des déplacements. Ce sont de petites instantanés de vie, fortuitement parvenus jusqu’à nous, notamment grâce aux registres de délibérations et de procès-verbaux de police.
Vols et pertes de bagages des voyageurs
L’usage premier des routes est la circulation des personnes. Une diligence passait à Rillieux, où existait même une halte. Nous conservons des récits d’actes de malveillance ou d’incidents, qui attestent de l’existence de cette diligence, notamment les récits des attaques de diligence par les Compagnons de Jéhu qui sévissaient sur la route de Lyon à Miribel. Ainsi, en 1798 :
«Pierre Molard, Jacques Pollat et Benoit Morel, habitants du hameaux de la Pape» mettent en échec le projet de 6 brigands de piller la diligence de Lyon à Genève.
L’affaire fait grand bruit et est relatée au Ministre de la Guerre, au ministre de la Police générale et au Ministre de la Justice, ainsi qu’aux membres du Directoire (forme du gouvernement de 1795 à 1799).
Extrait de la séance du Conseil des Cinq Cents du 17 frimaire, du journal de L’ami des Loix n° 1 210.
«Vezin fait part au Conseil d’un événement arrivé à Rillieux Commune du Canton de Montluel Département de l’Ain. Dix messieurs brigands partent de Lyon et remontent le Rhône jusques à la Pape. Cinq sont dans un petit bateau, les autres suivent l’ancien chemin couvert. A l’approche de la nuit, ils se réunissent et cherchent à s’embusquer; un vigneron les aperçoit, il court aux trois maisons voisines. On se rassemble au nombre de six et on se met en patrouilles divisées. Un détachement de trois arrive sur cinq des brigands, cachés derrière un fort buisson : il crie, qui vive !
Ceux ci prennent la fuite, on leur tire dessus, mais ils ne sont pas atteints ils gagnent à la hâte leur bateau et partent.
A quelque distance ils s’engagent dans le sable. Les patrouilles arrivent et leur tirent à portée, jusqu’à trois aient disparus. Les uns tombent mourans dans le fleuve, les autres le traverssent à la nage, et le cinquième reste dans le bateau. Il a été trouvé armé d’un sabre à la hussarde lié au poignet avec son mouchoir ; de deux superbes pistolets, d’un poignard, d’une fourchette à longues pointes. Il avoit une montre enrichie de pierreries à toutes les faces, et étoit muni d’un passeport, sous le nom de Joseph Boeuf, natif d’Arles. Il a été ensuite reconnu pour le chef d’une bande de voleurs, correspondant de très loin, et arrêttant les courriers. Lorsque cet homme fut tué, deux des brigands qui étoient restés à terre vinrent à diverses reprises pour enlever le cadavre mais on y avoit établi une sentinelle, qui leur tira plusieurs coups de fusils ; l’éloignement de la commune n’a pas permis de se rassembler assez tôt pour les envelloper.»
Les mésaventures des voyageurs de passage à Rillieux ne cessent néanmoins pas avec cet événement de 1798. En effet, le registre des procès-verbaux de police fait mention de plusieurs pertes de bagages. Par exemple, le 1er mai 1834 :
«Ce jourd’hui premier mai mil huit cent trente-quatre à huit heures du matin s’est présenté par devant nous maire de la commune de Rillieux, le sieur Grange Philibert membre du Conseil municipal de cette commune demeurant au hameau de la Pape lequel nous a déclaré que le trente mai à onze heures du matin trois de ses enfants étant entrés dans sa terre de la herse joignant la route royale de Lyon à Genève pour couper des choux colza, ils y trouvèrent une caisse en bois sapin ouverte et renversée contenant plusieurs objets dont voici le détail : une casquette d’enfant couleur marron, étoffe d’été, deux tabliers blancs d’enfants, un bonnet en tulle ; deux petites boîtes dont une avaient des veilleuses ; l’autre contenait deux brosses, pinceaux à barbe, un éventail, un pot de pommade, et un sac d’ouvrage en peau couleur marron. Il y avait aussi dans la caisse une note de plusieurs objets en linge et habits qui paraissaient avoir été enlevés. A côté la caisse il y avait un pot de beurre, et l’adresse de la caisse qui en avait été détachée. Voici ce qui était dessus : madame Adeler au pont du Saint Esprit département du Gard.
Le déclarant a signé le présent procès-verbal avec nous.
Fait en la mairie de Rillieux les jour, mois et an que dessus. Bernard, maire.»
Les animaux comme usagers quotidiens des routes et chemins : accidents et incidents
Les archives témoignent de nombreux accidents impliquant des animaux. Ceux-ci, en effet, circulaient au quotidien sur les voies et les chemins.
Ainsi, le 7 août 1845, le cabriolet de Michel Doborget, plâtrier à Caluire, casse la cuisse d’une vache blanche et rouge appartenant à Jean Girard. Son fils Benoît, âgé de 12 ans, qui menait le troupeau, a vainement tenté d’éviter l’accident.
Auparavant, le 6 août 1833, c’est François Magnin, de Rillieux, qui casse la jambe d’une ânesse menée par une jeune fille, alors qu’il était à la tête de sa voiture attelée de deux chevaux.
Enfin, plus cocasse mais tout aussi dangereux, ce sont parfois les animaux échappés qui s’attaquent aux hommes. Le 17 février 1847, à minuit et quart, Jacques Molard a manqué perdre la vie après avoir été attaqué par une vache :
«Ce jourd’hui 17 février 1847 à minuit 15 minutes du matin les soussignés Guyot Antoine cultivateur demeurant à Rillieux âgé de 23 ans ; Drevet Jean dit Martin cultivateur âgé de 22 ans demeurant à Rillieux, Chevalier Nicolas cultivateur demeurant à Rillieux âgé de vingt-et-un an, Molard jacques cultivateur demeurant à Rillieux âgé de trente deux ans, lesquels nous ont déclaré que revenant de la vogue de Neyron, arrivant sur le territoire de la commune de Rillieux, ils ont rencontré une vache échappée, laquelle dans un accès de furie s’est jetée sur le sieur Molard Jacques qui marchait le premier.
Il a été maltraité, au point de rendre du sang par la bouche. Ses vêtements ont été déchirés en mille lambeaux et hors d’état de service, et plusieurs cicatrices apparentes et des douleurs dans l’estomac témoignent de la fureur de l’animal. Il était perdu sans le secours de la compagnie. Le sieur Guyot en offrant ses services au sieur Molard Jacques a eu les vêtements déchirés et hors de service, cependant leur courage les a rendus maîtres de cette vache. Ils l’ont amenée à Rilieux où on l’a mise en fourrière, la fourrière est établie chez monsieur Collaud Matthieu aubergiste et buraliste à Rillieux.
Nous avons établi cette fourrière en vertu des lois du 22 décembre 1789, article 50 ; 16, 24, août 1790, Décret impérial 18 juin 1811.
Signalement de la vache : âge : 10 ans environ - Poids : 125 kilos - Poil blanc tacheté de froment»
Le passage des troupes
Si elles servent à la vie quotidienne des hommes, pour le commerce et l’industrie, pour aller visiter ses connaissances ou se rendre en vacances, les routes sont également indispensables à l’armée et à la guerre. Elles sont alors un enjeu.
Les routes du territoire de la commune ont été particulièrement impactées par cet usage militaire. Un fort et un camp militaire sont érigés au voisinage immédiat de la commune.
Le camp militaire de Sathonay est le premier à voir le jour en 1858. Les Rilliards n’en subissent pas uniquement les inconvénients : nous avons déjà vu comment ils y ont gagné une route importante sans frais d’aucune sorte.
Mais ils en subissent néanmoins également des nuisances. Ainsi, en 1885, les propriétaires de terrains s’inquiètent des dégâts causés à leurs biens par le passage des troupes se rendant à l’exercice sur le champ de tir. En outre, la commune doit se soucier de l’entretien des chemins stratégiques.
Enfin, en cas de conflit, les routes sont la voie de passage des troupes et des habitants fuyant devant l’avancée de l’assaillant. Les images de l’Exode, lors de l’invasion allemande de 1940, en sont un exemple qui a marqué les esprits, bien que l’Exode n’ait guère concerné notre commune.
Les routes sont alors un enjeu stratégique, et la nécessité de leur contrôle par les belligérants affecte les populations. Lors de la retraite des Allemands en 1944, les soldats du Troisième Reich ont fui sur les routes rilliardes, réquisitionnant des véhicules. Quant au bombardements alliés sur les routes proches de Lyon, notamment ceux sur le pont de Saint-Clair, ils ont occasionné des destructions dans des maisons de la commune.
«Crépieux-la-pape le 24.9.44
Monsieur le Préfet de l’Ain
Monsieur le Préfet
D’après certaines informations je dois adresser une déclaration en double exemplaire, soit une à la Mairie de Crépieux, une autre à la Préfecture de Bourg, pour les dégâts occasionnés par l’occupant. Lors de l’occupation des Allemands, ces derniers m’ont pris un vélo, état neuf, marque Reinor, le reçu a bien été demandé, pour toute réponse, mitraillette sous le nez, de plus lors du bombardement, j’ai eu le toit du garage détruit, 50 tuiles environ et plusieurs lambourdes, à ma maison, volet fer détérioré, vitres cassées, plafond effondré, gros trous de part et d’autre dans la façade, maison fissurée.
Vous voudrez bien m’excuser, mais je vous adresse cette note à toutes fins utiles.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de mon plus profond respect.»
Vitesse et voies rapides
Au vingtième siècle, les routes et chemins doivent s’adapter aux nouveaux besoins humains et technologiques. Les accidents n’impliquent plus des animaux, mais des voitures.
La vitesse nécessite de larges voies rapides, les bouchons dans les grosses agglomérations obligent à concevoir des voies de contournement.
C’est ainsi qu’est décidée la construction de l’autoroute A46, mise en service définitivement en 1992. Longue de 62 kilomètres, elle relie Anse à Givors et permet de contourner Lyon par l’Est. C’est une 2 fois 2 voies, mais elle possède 3 voies dans la pente de Rillieux-la-Pape.